Crise inflationniste Le Patronat et le Gouvernement désormais en état d’alerte

Le Patronat et le Gouvernement désormais en état d’alerte

C’est en rang serré que le GICAM et les fédérations sectorielles qui le constituent s’est déployé ce vendredi 18 mars 2022 à Yaoundé, dans les services du Premier Ministre, pour présenter et échanger avec le Gouvernement sur la crise inflationniste qui sévit dans le monde et au Cameroun depuis le 2nd semestre 2021.

Pour cette rencontre interministérielle de haut niveau présidée personnellement par SE Joseph DION NGUTE, Premier Ministre, Chef du Gouvernement, la délégation du Patronat, conduite par M. Célestin TAWAMBA, Président du GICAM, était composée de :

  • M. Emmanuel DE TAILLY, DG SABC (2ème vice-président du GICAM) ;
  • M. Andrew ROSS, DG Guinness SA et Président du CAPA (Filière Brassicole) ;
  • M. Antoine NDZENGUE, DG Neptune Oil, Président du GPP (Filière Industries Pétrolières aval) ;
  • M. Bertrand MBOUCK, DG Dangote Cement SA (Filière Cimenteries) ;
  • M. Olivier DONTSOP, DG VELIA, Président CropLife (Filière Intrants agricoles) ;
  • M. Jacky KEMLEU, SG ASROC (Filière Oléagineux) ;
  • M. Alfred MOMO, SG GIMC (Filière Minoterie) ;
  • M. Luc DEMEZ, DG CAMDA (Filière Grande distribution) ;
  • M. Vincent KOUETE, DE-A GICAM (Filière Plasturgie).


A travers des présentation très illustrées et particulièrement chiffrées, les membres de la délégation du GICAM se sont succédés au pupitre pour expliquer les manifestations de la crise, ses répercussions sur les Entreprises et les menaces qu’elle fait peser sur les filières et sur l’économie nationale.

Pour planter le décor, le Président du GICAM est revenu aux origines de la crise qui remonte à 2020 avec la crise sanitaire Covid-19 qui a plongé le monde dans une récession inédite dont les conséquences pour les Entreprises ont été des réductions de volumes d’activités, des pertes financières avec pour conséquences des licenciements et des mises au chômage. En 2021, la reprise s’est malheureusement vu émerger des plans massifs de relance financés par l’endettement dans les pays les plus développés. Il en a découlé une pression sur l’offre à l’échelle mondiale dont le corolaire a été une flambée des prix des matières premières et autres intrants ainsi que du fret maritime. Comme pour porter le coup de grâce à cette situation déjà fortement préjudiciable, la guerre Russie-Ukraine a accéléré la tendance et entraîné de nombreuses filières dans la dépression. Le risque est désormais celui d’une stagflation, c’est-à-dire une hausse des prix et l'absence de croissance.

Pour les différentes filières, les répercussions sont quasi identiques : surcoûts de production, difficultés d’approvisionnements / indisponibilité des certains produits, pression à la hausse des prix de vente, pertes de marchés, absence de visibilité pour 2022, suspension/réévaluation des programmes d’investissements suspendus / réévalués, dégradation de trésorerie, risque d’insolvabilité, planification de plans sociaux, …

La situation est d’autant plus critique que cette inflation importée vient se superposer à d’autres contraintes au plan national comme celles liées à l’extension du PECAE, les transferts à l’étranger, et l’indisponibilité de l’énergie électrique.

Face à cette menace, le Président du GICAM n’a pas manqué de saluer les mesures d’accompagnement déjà mises en œuvre par le Gouvernement même si leur impact reste limité face à l’ampleur des surcharges subies par les Entreprises. Aussi, il en a appelé à la mise sur pied en urgence d’un Plan Gouvernemental Anti-Inflation dont les objectifs seraient de : (i) Garantir la disponibilité des produits ; (ii) Sauvegarder le pouvoir d’achat des populations ; (iii) Eviter les faillites d’Entreprises et ; (iv) Préserver les marges budgétaires de l’Etat.

Ce plan pourra se décliner en un mécanisme de veille et d’information systématique de l’opinion sur l’évolution des prix et de la situation économique, des mesures urgentes portant notamment sur l’optimisation du système de contrôle des prix, un soutien à la trésorerie des Entreprises et la suppression de certaines contraintes opérationnelles sur les Entreprises. Le plan pourra comporter des mesures structurelles à moyen terme adressant entre autres les problématiques de pouvoir d’achat et d’orientation des modes de production et de consommation.

En réaction, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement et les Ministres présents ont dit partagé largement les constats faits par les Chefs d’Entreprises sur cette inflation importée et ses menaces.


Pour la circonstance, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, SM Joseph DION NGUTE était accompagné de :

  • M. Louis Paul MOTAZE, Ministre des Finances ;
  • M. Luc Magloire MBARGA ATANGANA, Ministre du Commerce ;
  • M. Gabriel DODO NDOKE, Ministre en charge de l’industrie ;
  • M. Jean Ernest MASSENA NGALLE BIBEHE, Ministre des Transports ;
  • M. Gabriel MBAIROBE, Ministre en Charge de l’Agriculture et du Développement Rural ;
  • M. Séraphin Magloire FOUDA, Secrétaire Général des Services du Premier Ministre ;
  • M. Paul TASONG, Ministre Délégué auprès du Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire.


Plusieurs Directeurs Généraux dont ceux des Impôts et de la Douane prenaient également part à la séance de travail.

Reconnaissants à l’unanimité la pertinence des constats et des risques exposés par les Chefs d’Entreprises, ils ont insisté sur l’hypothèque que fait désormais peser cette crise, à court terme, sous l’équilibre du budget 2022 et à moyen terme sur les perspectives d’émergence. Au regard de la sévérité de la crise, un collectif budgétaire est déjà envisagé, moins de trois mois après l’adoption de la loi de finances de l’exercice en cours.

Les membres du Gouvernement ont en outre relevé la nécessité de rester dans le cadre légal pour trouver des réponses appropriées. La clé de la démarche devrait alors être le dialogue. C’est ainsi qu’il a été résolu de poursuivre cette concertation sur la crise inflationniste dans le cadre d’une plateforme Patronat – Gouvernement avec des déclinaisons par secteur d’activité et par filière en fonction de leur exposition à la crise. Cette plateforme sera pilotée par les Services du Secrétariat Général du Premier Ministre.

A travers celle-ci, un partage des informations devra permettre d’harmoniser les points de vue sur certaines évaluations d’impacts et de déficits et d’envisager des allégements de procédures et des accompagnements spécifiques selon les filières. C’est également à travers ces cadres d’échanges que des besoins précis pourront être mis en évidence pour susciter des ajustements des cadres programmatiques avec les Partenaires Techniques et Financiers au développement (PTF).

Dans l’intervalle, il sera nécessaire d’établir une convergence de vue sur les évaluations des déficits de la production locale dans les secteurs des oléagineux et brassicole.

S’agissant du PECAE, il a été précisé que sa nature première n’est pas budgétaire. En tant qu’instrument au service de la protection des consommateurs et du marché local, le flux important de demandes créé par son extension a engendré des pesanteurs. Il est donc nécessaire d’envisager sa suspension pendant la période de crise.

Concernant le transport maritime, la constitution d’un armement national est une piste à creuser même si le système de partage des flux qui permettaient aux armements nationaux de survivre n’existe plus.

Le Gouvernement envisage également de prêter une attention particulière au sort des plus pauvres pendant cette période trouble. Ses instruments tels que le Programme Filets Sociaux et d’autres initiatives de transferts sociaux pourront être mobilisés pour soutenir leur accessibilité aux produits de première nécessité. 

C’est en quelque sorte la quintessence du message qui a été adressé aux consommateurs à travers la dizaine de Présidents d’Associations de défense et de protection des droits de consommateurs présents lors de cette rencontre interministérielle.

 

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