Date : 25/02/2019 15:58
Le jeudi 21 février 2019, nombreux étaient les chefs d’entreprises, les experts et les responsables administratifs qui ont répondu présent à l’appel du Groupement Inter-Patronal du Cameroun et du Ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement Technologique à l’occasion du Colloque de haut niveau consacré à la recherche des Synergies pour le redécollage industriel du Cameroun.
C’est le Président du GICAM, Monsieur Célestin TAWAMBA qui a donné le ton lors de ses propos introductifs de circonstances en lançant un appel à « l’Etat d’Urgence industrielle ». A l’exemple de toutes les nations développées qui ont été, à quelques exceptions près, à un moment ou à un autre de leur histoire des nations industrielles, le Cameroun ne peut faire l’économie d’une ambition industrielle assumée sur le chemin de son émergence. Pour cela, le pays doit concevoir dès aujourd’hui les infrastructures de l’industrie de demain, mettre en œuvre les normes et la protection des produits manufacturés du Cameroun de demain, faire des choix et adapter la stratégie d’incitation et accompagnement des investisseurs, notamment la fiscalité incitative et stable pour les industries. Un nouvel état d’esprit est ainsi requis pour planifier, exécuter, mesurer, apprendre et s’adapter, et construire enfin ce cercle vertueux au sein d’un écosystème puissant et performant !
A sa suite, le sponsor officiel du Pavillon de l’Industrie, Mme NGO YETNA Audrey CHICOT, Directrice Générale de l’entreprise Multi Services Matériel Industriel (MSMI) a renchéri sur l’urgence des structurations inter et intra branches, notamment les économies circulaires mettant en relation, et de manière plus dense, les grandes entreprises et les PME/PMI.
Répondant aux cris de cœur de ces deux industriels, Monsieur Gabriel DODO NDONKE, Ministre de l’Industrie, des Mines et du Développement Technologique a réaffirmé l’engagement du Gouvernement à accompagner et soutenir les initiatives privées aussi bien à travers la politique industrielle du Gouvernement qu’en mobilisant les stratégies globales et les autres politiques sectorielles pour les mettre au service de cette cause commune. Les nouvelles ambitions industrielles du pays ont été déclinées dans le Plan Directeur d’Industrialisation (PDI) avec une priorisation structurée en trois sanctuaires industriels nationaux (agro-industrie - énergie – numérique) ; cinq piliers industriels (foret/bois - coton textile/confection/cuir - mines/métallurgie/sidérurgie - hydrocarbures/pétrochimie/raffinage - chimie/pharmacie) ; et deux socles à l’émergence (infrastructures - financement). Pour lui, l’heure est désormais à l’action et cette initiative du GICAM est un modèle dans le sens du partenariat public-privé que le Gouvernement considère comme condition de succès de l’émergence industrielle du Cameroun.
Le décor ayant été planté par ces trois interventions de haute facture, les travaux en plénière et les ateliers thématiques ont été conduits avec maestria par le modérateur général du Colloque, Monsieur Emmanuel DE TAILLY, Directeur Général du Groupe SABC et par ailleurs 2ème vice-président du GICAM. M DJEMBA, expert international sur les questions industrielles, mobilisé spécialement pour cette occasion par l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI), a ainsi reprécisé les enjeux actuels du développement industriel à l’échelle mondiale et africaine. A ce sujet, 2013-2025 a été déclarée décennie de développement industriel de l’Afrique. De plus, l’ODD médian de l’ensemble des 17 objectifs adoptés au niveau mondial est relatif à l’industrialisation et aux infrastructures ; d’où l’impératif d’une large appropriation et d’une bonne coordination des actions comme conditions sine qua none pour un développement industriel durable et inclusif.
La Présentation des avancées déjà réalisées dans la mise en œuvre du Plan Directeur d’Industrialisation faite par Monsieur NTAKEU Bruno, Directeur de l’Industrie au MINMIDT, a édifié les participants sur le niveau d’appropriation de ces enjeux mondiaux par le Cameroun. L’accent a ainsi été mis sur les réformes structurelles et sectorielles (foncier, forêt, institutions d’accompagnement, …) ; la mise en place de grappes industrielles (parc technologiques, technopoles et clusters) et sur la mobilisation de l’accompagnement public, notamment pour la construction des champions nationaux.
Les ateliers techniques ont permis d’aborder les préoccupations relatives au financement de l’industrialisation, à la maîtrise des normes, à la fiscalité, à la régulation des marchés, au compagnonnage industriel et à la formation professionnelle.
Au final, le Colloque a débouché sur une véritable convergence de vue sur le cap mobilisateur qui demeure la Vision d’émergence 2035 du Cameroun, sur la place primordiale de l’industrie qui doit en être le principal moteur, sur le positionnement du PDI comme document de référence de cette politique d’industrialisation avec ses sanctuaires, piliers et socles définis et auxquels l’on devra ajouter les questions de formation, de fiscalité, de normalisation et même de préférence nationale. En outre, les participants ont insisté sur l’urgence d’une mise en cohérence des autres politiques publiques avec celle déclinée dans le PDI et sur la nécessité d’une clarification des prérogatives dans la chaîne des interventions publiques.
En tout état de cause, le maître mot restant la synergie, la mise en place d’un dispositif partenarial devra être une première étape de ce nouvel élan dont les jalons ont été posés pour la promotion et la protection de l’industrie camerounaise.