Intelligence économique Un fondamental à mettre en place pour l’émergence de notre pays

Un fondamental à mettre en place pour l’émergence de notre pays

« Le renseignement et l’influence sont décisifs pour l’expansion économique ». Déclaration de Guy Gweth, intervenant de la conférence sur les enjeux stratégiques de la veille et de l’intelligence économique pour le Cameroun co-organisée par le GICAM le jeudi, 08 novembre 2018 au siège du Groupement. Cette rencontre, présidée par le président du GICAM, Célestin Tawamba, rentre en droite ligne avec l’un des axes de travail de la liste « GICAM en action» qui prévoit de développer un GICAM d’intelligence économique. 

Le plan en trois séquences de l’intervenant s’est arrêté tour à tour sur l’Afrique comme terrain de guerre économique (première partie), les stratégies des puissances en Afrique (deuxième partie) et l’intelligence économique comme clé de compétitivité face à l’hyper concurrence en cours sur le continent africain en général et au Cameroun en particulier (troisième partie).

Dans la première séquence, le conférencier a exposé les principales forces et faiblesses qui mettent les marchés africains au cœur des appétits mondiaux.

Concernant les principaux points forts, au-delà des matières premières, il a passé en revue les 15 glorieuses de la croissance, l’embellie de stabilité politique, l’amélioration du climat des affaires, le boom démographique, la montée en puissance des classes moyennes et les stratégies d’émergence sur plusieurs pays africains. 

Un focus a été consacré au Cameroun, à l’aune des statistiques économiques de 2017 et de la livraison Doing Business 2019. Pour atteindre les objectifs de Vision 2035, a insisté Guy Gweth, « le Cameroun doit impérativement accroître sa productivité, booster le secteur privé, passer le taux d’investissement à 30% en 2035, hisser la croissance du PIB réel à 2 chiffres entre 2020 et 2035, élever la croissance de la productivité à 3% entre 2020 et 2035 et… mettre en place un dispositif de veille et d’intelligence allant du gouvernement aux entreprises, en passant par les régions et les collectivités locales décentralisées, au plus tard en janvier 2020. »

Sur les principaux points faibles, Guy Gweth a notamment évoqué la corruption, « véritable carie de nos économies », le poids des activités informelles - « plus de 40% en moyenne continentale »-, une croissance non inclusive - « les riches se sont plus enrichis et les pauvres se sont appauvris davantage entre 2000 et 2015 », a déclaré l’intervenant-, l’insuffisance des infrastructures, la faiblesse des échanges intra-africains « figés à 13% », l’absence d’Etat de droit « qui ne rassure pas les investisseurs normaux ». 

Pour le conférencier, « tous ces points négatifs qui trouvent leur origine dans cinq dates clés, 1885, 1955, 1990, 2000 et 2015 font que nous attirons prioritairement des acteurs économiques faits pour la jungle, c’est-à-dire pas très portés sur le respect des droits de l’homme, du travail, de l’environnement, de la justice et de la responsabilité sociale des entreprises. De fait, ils ont l’impression d’opérer dans une zone de non-droit. »

Dans la deuxième séquence, l’orateur a passé en revue les stratégies de puissance des Etats-Unis, de la France, l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la Chine, l’Inde, la Russie, du Brésil, d’Israël, de la Turquie et du Maroc, passant volontairement sous silence les cas singuliers des Japonais et des Libanais, faute de temps.

Pour chaque pays cité, le conférencier a présenté les éléments de hard power et de soft power, montrant comment le renseignement et l’influence sont décisifs pour l’expansion diplomatique et économique des grands acteurs en compétition sur le sol africain. Il a notamment fait remarquer que, peu ou prou, les puissances ont le même modus operandi en Afrique avec une tendance prononcée à surexploiter la faille historique que constitue la forte exposition des Africains à l’aide internationale.

Dans la troisième séquence, l’orateur a expliqué l’extrême nécessité d’une intelligence économique africaine tenant compte du contexte et des spécificités évoqués plus haut. Créé en août 2015 à Yaoundé, le Centre Africain de Veille et d’Intelligence Economique (CAVIE) porte et incarne la réponse à cette nécessité. Ses activités concourent à la réalisation d’évènements comme cette conférence au GICAM, l’organisation de formations longues (MBA), courtes (3 jours) et bien plus encore. 

Au plan opérationnel, le CAVIE surveille 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, 12 secteurs d’activité clés de l’économie africaine pour permettre aux décideurs de savoir, de manière rapide et précise qui fait quoi, comment, où, pourquoi et à quel prix ? Ces opérations sont réalisées à l’aide d’outils, de techniques et de méthodes que le conférencier a tenu à présenter de manière schématique aux participants.

Du cycle de renseignement aux surveillances de base, en passant par les capteurs d’informations et les fiches synthèse-action, les participants ont été édifiés tant sur l’aspect théorique que pratique de l’intelligence économique en Afrique à la faveur d’un retour d’expérience concret dont le livrable est devenu une application mobile. « Si quelqu’un vous parle d’intelligence économique, demandez-lui ses états de service », a lancé l’orateur pour souligner les caractères concret et opérationnel de la discipline.

Les débats qui ont suivi ont apporté la preuve d’un grand intérêt des membres pour le sujet et de la disponibilité tout aussi grande du conférencier. Des pistes de travail et d’activités en commun sont envisageables dans un proche avenir. 

Guy Gweth est le fondateur de Knowdys Consulting Group et président du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Economique (CAVIE). 


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